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Associations de solidarité internationale 2016-2020 – Etude sur les modèles économiques 2022

Publié le 04.10.2022

Des moyens en croissance, une répartition inégale, de nombreuses tendances de fonds et des mutations sectorielles.... Découvrez tous les changements sur le modèle socio-économique des Associations de Solidarité Internationale de 2016 à 2020 avec la nouvelle étude de Coordination SUD de 2022.

Coordination SUD a sorti en mars 2021 la nouvelle édition de l’étude Argent (ASI) sur les modèles socio-économiques des Associations françaises de solidarité internationale 2016-2020. Elle s’inscrit dans la continuité des enquêtes menées successivement par la Commission coopération développement (1986-2005), Ritimo (2006-2011) et Coordination SUD (2012-2016). L’étude a pour ambition d’éclairer l’analyse des ressources financières des ASI, mais aussi plus largement les évolutions de leurs modèles socio-économiques (richesses humaines, leviers économiques, alliances et partenariats), avec 3 prismes d’études :

  • analyser les modèles socio-économiques des ASI françaises de solidarité internationale ;
  • analyser les premiers impacts de la crise du covid sur les emplois et ressources des ASI françaises ;
  • analyser les évolutions des modèles socio-économiques des ASI selon plusieurs angles thématiques : croissance et développement du secteur, enjeux sur les ressources humaines, phénomène de localisation de l’aide, nouvelles modalités d’intervention (consortium et projets d’envergure).

Quelles sont les conclusions de l’évolution des modèles socio-économiques des associations françaises de solidarité internationale ?

 

1. Des moyens en croissance pour les ASI :

Selon l’étude Argent & Associations de solidarité internationale 2016-2020, la première observation porte sur les moyens des organisations de SI qui ont augmenté de 43 % entre 2016 et 2020, qu’ils soient des subventions publiques (+ 63%) ou des financements privés (+ 22%). Pour Coordination SUD, cette croissance correspond également à une évolution importante des activités de ces organisations.

Evolutions des ressources - Etude Associations de solidarité internationale 2016 2020

 

2. Des différences importantes dans la répartition des ressources entre associations de solidarité internationale entre 2016 et 2020 :

Les différences observées dans la répartition des ressources entre les organisations de SI sont liées à leur taille et leurs missions principales. Quand Coordination SUD parle d’écarts importants dans les répartitions des ressources, il s’agit bien de différences entre ressources publiques et ressources privées mais également dans la pondération des différents bailleurs.

Concrètement les grandes organisations internationales sont principalement financées par les fonds publics internationaux alors que les plus petites organisations ont une répartition entre fonds public et privés plus équilibrée. Sur les missions sociales, une différence notable est observable pour les ASI d’action humanitaire principalement financés par les bailleurs publics internationaux contrairement aux ASI de développement financés en grande partie par les bailleurs nationaux. Cependant pour les organisations réalisant du plaidoyer, la générosité du public représente 62 % des financements, ce qui compréhensible dans une logique d’indépendance.

répartition des ressources par taille d'ASI - Etude Associations de solidarité internationale 2016 2020

 

3. Plusieurs tendances de fonds pour les ASI :

Tour d’abord, l’étude montre que les zones d’intervention des ASI restent pratiquement identiques à quelques exceptions : “L’intervention des ASI françaises s’inscrit dans le temps, ainsi neuf des dix pays d’intervention les plus cités par les ASI sont identiques à l’étude précédente”.

L’autre tendance correspondant à remettre au centre les acteurs locaux et les Organisations de la Société Civile des pays destinataires de l’aide, suite au Grand Bargain de 2016. Dans ce cadre, les transferts à des OSC ont augmenté de 80 % depuis 2016 même s’ils restent minoritaires dans les ressources mobilisées (moins de 7%).

Ensuite, une volonté se renforce dans le secteur par la demande de répondre par consortium aux appels à projets de financement publics. Il peut devenir même un “passage obligé” comme révèle l’étude de Coordination Sud.

Les très grandes ASI concentrent une grande partie des ressources. En effet, 9 très grandes ASI (plus de 50 millions de budget) disposent des 3/4 des ressources et portent 85 % de l’augmentation de celles ci sur la période.

Sur les financements et leur équilibre entre public et privés / français vs internationaux, l’étude montre que les ressources publiques ont dépassés pour la première fois les ressources privées (51 %) en 2016 pour même atteindre 58 % en 2020. Sur la partie financement français vs internationaux, une tendance à l’équilibre se déploie depuis plusieurs années passant de 57 % pour les ressources nationales en 2016 à 51 % en 2022, avec dans le même temps une forte croissance des ressources internationales à + 63%.

répartition par nature de ressources - Etude Associations de solidarité internationale 2016 2020

L’étude aborde également la hausse rapide des financements publics notamment bilatéraux, portée par les grandes ASI.

Concernant les financements privés qui sont en croissance de 22 % entre 2016 et 2022, soit de 778 à 953 millions d’euros. Pour les ASI française, la générosité du public représente 70 % des financements privés même si selon Coordination SUD, un essoufflement a lieu sur cette ressource, là aussi à cause d’une très grande concentration par les grandes ASI qui captent 90 % des dons et legs.

 

4. Des mutations sectorielles qui transforment les ONG.

Coordination SUD démontre que la recherche de financement privée reste un enjeu majeur pour les ASI françaises, au vu de leur besoin d’indépendance ou pour leur plaidoyer, et dans la même occasion, on contaste une augmentation des moyens associés à la recherche de fonds.

L’étude met en avant des équilibres économiques fragiles avec 22% des ASI qui ont présenté des résultats déficitaires en 2020 et parmi les plus petites associations de solidarité internationales, 27 % ont connu trois ans de déficits sur la période.

L’aspect humain dans les missions et la gestion des ASI est également un facteur de transformation, avec l’arrivée de nouveaux métiers, un manque d’attractivité, une rémunération faible mais également un déclin de 40 % des bénévoles engagés au sein de ces mêmes organisations sur la période de l’étude, malgré leur implication dans les missions sociales directement pour 50 % des ASI.

Enfin le dernier changement de paradigme a lieu sur le positionnement de ces organisations qui agissent de plus en plus en tant que “gestionnaires de financements” pour les bailleurs de fonds, cela également dû aux demandes de consortium et la relocalisation des aides comme indiqué précédemment.

 


Pour retrouver l’étude complète de Coordination SUD, cliquez ici : coordinationsud.org

Toutes les études du secteur à retrouver sur notre Centre de ressources.

 

Corentin Article écrit par Corentin Hue,
Chargé de projet digital chez France générosités.
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