Retour sur le colloque France générosités 2025

Retour sur le colloque France générosités 2025

Publié le 26 novembre 2025 - Mis à jour le 28 novembre 2025
Actualité Info

Près de 400 personnes étaient présentes au Forum des images le 25 novembre 2025 à l’occasion du colloque annuel France générosités sur le thème : « La générosité face à l’accélération des transformations digitales ».

photo de la salle du Forum des images en contre plongée

Le 25 novembre 2025, les acteurs de la générosité se sont réunis pour décrypter les bouleversements induits par le digital sur les parcours d’engagement et les stratégies de collecte. Les tables rondes et les retours d’expérience ont permis d’explorer les défis concrets posés par l’accélération des transformations digitales, l’intelligence artificielle et la gestion des données, tout en cherchant à concilier innovation technologique et missions d’intérêt général. L’enjeu ? Transformer ces mutations en opportunités pour renforcer l’impact des organisations, sans jamais perdre de vue l’humain au cœur de la relation donateur.

« Dans un contexte de grandes difficultés, en premier lieu pour les associations, nous avons plus que jamais besoin de réfléchir, partager nos expériences et construire ensemble » Philippe Pailliart, président de France générosités

Le donateur digital existe-t-il ?

En introduction de cette première partie, Nadège Rodrigues, directrice études et communication de France générosités a présenté une compilation d’études visant à rendre compte de l’évolution des usages du digital, au sein de la société et dans le secteur de la générosité en France. Ce décryptage « Digital et générosité : quelles évolutions ? » a mis en évidence une augmentation de la place du digital dans le secteur de la générosité depuis 10 ans, avec cependant une progression moins spectaculaire que dans les autres secteurs, et ce malgré un fort usage du digital dans le quotidien des Français.

Dans la première table ronde animée par Corentin Hue, responsable développement et digital de France générosités, Sylvie Morin-Miot, responsable collecte de fonds et communication de Planète Enfants & Développement, Alejandra Reyes, responsable collecte de fonds de Wikimédia France et Brigitte Arrouays, responsable collecte grand public de Médecins du Monde ont déterminé si la frontière entre un donateur « offline » et un donateur « online » avait encore un sens.

En conclusion de cette table ronde, il en ressort que le « donateur digital n’existe pas ». Le digital n’est ni un canal isolé ni une révolution, mais un environnement qui transforme les parcours d’engagement sans remplacer l’humain. Chaque organisation l’intègre différemment : outil de conversation pour les uns, levier transactionnel pour les autres, ou simple support complémentaire.

L’avenir de la collecte sera hybride et agile : le digital amplifie la relation, mais le contact direct reste indispensable pour instaurer la confiance. Face à l’accélération technologique, les associations misent sur la formation, la mutualisation des compétences et une approche sur mesure, adaptée à leur taille et à leurs publics. L’enjeu ? Articuler offline et online pour parler à chaque donateur là où il est.

« Le parcours du donateur en 2025 s’apparente à une rivière complexe : le digital est l’eau omniprésente dans laquelle nous naviguons, mais les rives solides de la confiance et de l’humain (le F2F, les événements) sont nécessaires pour guider le flux et assurer la pérennité de l’engagement. Il ne s’agit pas d’opposer les éléments, mais de construire des ponts stratégiques entre eux. » Corentin Hue, responsable digital et développement chez France générosités.

Quelle place du digital au sein des OSBL ?

En introduction, Arthur Millet, directeur général de l’Alliance Digitale, a présenté les apprentissages de leur étude sur « L’impact des transformations digitales sur les organisations ». Bien qu’elle ait été réalisée auprès de grandes entreprises du secteur marchand, ses analyses ont été riches d’enseignements et de points de repères pour les professionnels des organisations d’intérêt général en quête d’inspiration pour faire évoluer leurs pratiques vis à vis des nouvelles transformations du digital autour de la donnée et de l’IA.

Parmi les nombreux enseignements de cette étude, nous pouvons retenir que si la transformation digitale est un acte de transversalisation, sa réussite repose sur la capacité des organisations à gérer la résistance au changement et à structurer la donnée, transformant ainsi leur organisation pour un avenir où l’IA et la data seront omniprésentes.

Dans la deuxième table-ronde, animée par Alice El Khoury, Cheffe de projet en transformation à la Fondation Raoul Follereau, plusieurs professionnels ont pris la parole : Marie-Charlotte BrunDirectrice marketing et développement chez UNICEF France, Pierre Malpel, Responsable service digital chez UNICEF France, Christian Wintenberger, Directeur Marketing & Études chez Apprentis d’Auteuil. Ils ont tenté de répondre à la question suivante : et si faire la révolution digitale était une histoire de réorganisation ? 

L’UNICEF France et les Apprentis d’Auteuil ont montré que le digital est un moteur de transversalité et de performance, avec une montée en puissance spectaculaire de la collecte en ligne et une réorganisation qui place le numérique au cœur des stratégies 360. Ces évolutions s’accompagnent de défis majeurs : fiabilisation et partage de la data, développement d’une culture agile, montée en compétences autour du numérique et de l’IA, ainsi qu’une forte conduite du changement pour aligner métiers, management et gouvernance. L’enjeu n’est plus de trouver la « bonne » organisation, mais d’accepter un processus d’adaptation constant, fondé sur l’expérimentation et la collaboration.

« Il n’y a pas qu’une seule bonne réponse à nos questions. Il ne faut pas attendre la méthode parfaite et surtout accepter de se tromper et de s’inspirer de ce que font les autres (bien ou moins bien) en s’interrogeant sur ce qui peut correspondre à notre organisation et ce qui marchera pour nous selon chaque contexte spécifique ». Alice El Khoury, Cheffe de projet en transformation à la Fondation Raoul Follereau

Du management des données à l’IA, comment accompagner les transformations ?

Dans une dernière table-ronde, Laurence Lepetit, Déléguée générale de France générosités a interrogé quatre intervenants : Leticia Hachem, Responsable marketing secteur public et économie sociale de La Banque Postale, Guilhem Menard, co-fondateur de Share it, Camille Boissinot, Responsable Marketing et Développement, Solidatech et Emmanuelle Roux, Conseillère de Sébastien Soriano, directeur général de l’IGN.

Comment les organisations peuvent-elles naviguer dans ce paysage en perpétuelle évolution ? Quelles étapes franchir avant de se lancer ? Quels leviers financiers peuvent être actionnés pour concilier transformation, innovation et pérennité de leur mission ? Et si une des voies était d’imaginer des stratégies collectives pour répondre à ces défis à moindre coût et avec plus d’impact ?

La table ronde met en lumière un secteur associatif et fondatif engagé dans une transition numérique encore très hétérogène : si la maturité progresse, les freins restent principalement humains et culturels, notamment au niveau des gouvernances. L’IA générative suscite beaucoup d’intérêt mais il existe encore peu de cas d’usage qui permettrait une prise de recul nécessaire au monde associatif. Les intervenants insistent sur la nécessité d’un accompagnement adapté, mêlant montée en compétences, espaces d’expérimentation et soutien collectif notamment autour de la data, de la cybersécurité et de l’IA. La question devient moins « quels outils adopter ? » que « comment penser la transformation ensemble ? ». Une transformation qui doit se penser en résonnance avec sa mission sociale et les enjeux éthiques et réglementaires. Enfin comment développer  une vision politique de notre souveraineté numérique et de l’importance du partage de la valeur créée par l’IA.

dessins avec des robots qui tiennent le drapeau français

Crédit : Dilem (Algérie) – Cartooning for Peace
Nous remercions Cartooning for Peace pour les dessins tirés du livre « Intelligence artificielle : une (r)évolution ? » (Editions Gallimard) et de l’outil pédagogique « Intelligence artificielle, Droits devant ! », téléchargeable sur le site de Cartooning for Peace.