La place du numérique dans le projet associatif – Solidatech x Recherches et Solidarités – novembre 2025

La place du numérique dans le projet associatif – Solidatech x Recherches et Solidarités – novembre 2025

Publié le 4 novembre 2025 - Mis à jour le 7 novembre 2025
Ressource Etude

La 5ᵉ édition de l’étude triennale sur la place du numérique dans le projet associatif en 2025 révèle une maturité numérique en progrès, mais aussi des défis structurants, notamment autour de l’investissement et de l’intelligence artificielle.

L’enquête 2025 de Solidatech x Recherches et Solidarités s’est déroulée en ligne du 15 avril au 16 juin auprès d’un échantillon de 2 285 responsables associatifs et reflétant la diversité du tissu associatif. Retrouvez la précédente édition en 2022 par ici. Décryptage des principaux apprentissages sur 4 sujets :

  1. La maturité des associations face au numérique en 2025
  2. Les investissements sur le numérique
  3. L’adoption de l’intelligence artificielle au sein des associations
  4. Les principaux défis des associations à venir face au numérique

 

1. La maturité des associations face au numérique en 2025

En 2025, 47 % des dirigeants considèrent que leur association est « en bonne voie » dans ses pratiques numériques. Bien que la part des associations dites « expérimentées » progresse de 5 points, celle des structures « peu initiées » reste stable, autour de 20 %.

Les usages numériques sont désormais bien ancrés dans la vie associative, se concentrant sur les fonctions de base et la collaboration :

  • 80 % utilisent le numérique pour faire connaître leur association et leurs actions au grand public.
  • 75 % l’utilisent pour animer leur réseau (échanger, informer, fidéliser).
  • 70 % l’emploient pour gérer plus efficacement leurs activités (comptabilité, gestion des adhérents, suivi).
  • 57 % s’en servent pour travailler plus facilement ensemble (visioconférence, outils collaboratifs).

Toutefois, les usages plus stratégiques, bien qu’en progrès, restent en retrait. La recherche de financements est passée de 23 % en 2019 à 33 % en 2025.

Les outils numériques les plus utilisés par les associations sont les solutions de paiement en ligne (48%), les plateformes de dons en ligne (47%) et les outils de comptabilité (40%), surtout pour gérer adhésions, cotisations ou ventes. Leur adoption, en particulier pour les paiements en ligne, reste dynamique (31 % de potentiel), motivée par la recherche de simplicité, sécurité et efficacité. Les secteurs comme l’environnement, la solidarité ou la santé, qui mobilisent facilement en ligne, en sont les principaux utilisateurs.

À l’inverse, le crowdfunding peine à convaincre (seulement 6 % d’utilisation), perçu comme peu utile par 41 % des associations. Contrairement aux dons en ligne, intégrés facilement aux sites web, il exige des campagnes ponctuelles, une communication renforcée et une gestion complexe des contreparties, ce qui limite son adoption.

 

2. L’investissement numérique reste orienté vers les dépenses courantes

Si le numérique est bien présent dans les dépenses des associations, il est encore faiblement considéré comme un levier de développement. En effet, 55 % des dirigeants déclarent disposer d’une enveloppe dédiée et 24% le souhaiteraient, sous-entendant une prise de conscience émergente souvent freinée par un manque de moyens et/ou d’accompagnement pour intégrer durablement le numérique dans le fonctionnement global de l’association.

  • 50 % de ces enveloppes sont principalement orientées vers des dépenses courantes (abonnements, maintenance, logiciels).
  • Seules 21 % des associations prévoient des dépenses d’investissement (achat de matériel, outils intégrés, accompagnement stratégique), ce qui traduit une approche structurée et une volonté de professionnalisation chez une minorité.

Quant au financement du numérique, 81 % des associations le réalisent sur leurs fonds propres (ressources de l’association). Les subventions publiques fléchées représentent 13 % des sources de financement liées au numérique en 2025.

 

3. L’Intelligence Artificielle : adoption prudente et enjeux éthiques

L’intelligence artificielle fait son entrée dans les préoccupations associatives. En 2025, 18 % des associations déclarent utiliser des outils basés sur l’IA, tandis que 13 % sont en réflexion. Les associations employeuses sont plus en avance, avec 26 % d’utilisatrices.

Les associations qui utilisent l’IA cherchent avant tout à optimiser les tâches quotidiennes (70 %) et à améliorer leur communication (59 %). Les usages plus stratégiques, comme l’aide à la décision ou le ciblage des campagnes de collecte, restent marginaux (15 % et 12 % respectivement).

L’IA demeure un sujet mal cerné pour une partie des responsables : 28 % déclarent ne pas savoir comment elle pourrait leur être utile. Les freins principaux à l’adoption sont :

  1. Les craintes éthiques (48 % des non-utilisateurs et 37 % des utilisateurs), notamment concernant la transparence, la perte de lien humain et la protection de la vie privée.
  2. Le manque de compétences et de connaissances des outils (47 % des non-utilisateurs).
  3. L’impact environnemental (36 %) et les risques liés à la confidentialité des données (35 %).

 

4. Les principaux défis des associations à venir face au numérique

Bien que 29 % des associations déclarent ne plus rencontrer de difficultés particulières sur le numérique (contre 16 % en 2019), 71 % font face à des obstacles. Les difficultés les plus courantes restent d’ordre humain (44 %), touchant à la mobilisation et aux compétences. Le numérique reste largement porté par une minorité de personnes, souvent un bénévole ou un salarié « référent ». Cette situation génère une dépendance fragile et souligne que la diffusion d’une culture numérique partagée reste un enjeu majeur.

Si les freins techniques et financiers diminuent avec la maturité, les enjeux stratégiques deviennent plus visibles et complexes à mesure que les usages se développent. Les associations peinent souvent à financer l’accompagnement nécessaire pour se professionnaliser ou déployer des outils adaptés. Certaines structures font face à des coûts de maintenance et de renouvellement trop élevés.

Les attentes des dirigeants confirment la nécessité d’agir sur la montée en compétences des équipes, la connaissance des outils, le partage d’expériences, mais également un accompagnement personnalisé à la stratégie. La réussite de la transition numérique passera par une vision stratégique intégrée au projet associatif et par des réponses différenciées, adaptées aux profils des associations, allant du soutien technique de proximité à l’accompagnement stratégique à long terme.

 

Pour retrouver l’étude complète sur la place du numérique dans le projet associatif de Solidatech et Recherches & Solidarités, cliquez ici.