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30 ans de dons au Canada

Publié le 17.04.2018

Imagine Canada vient de dévoiler une étude sur la générosité des Canadiens sur les 30 dernières années.

Les associations, parties prenantes de la société et l’économie canadienne

Les organismes de bienfaisance et sans but lucratif jouent un rôle central dans la société et l’économie canadienne. Ils sont présents dans toutes les communautés au pays, où ils fournissent des services de santé, d’éducation et des services sociaux; répondent aux besoins culturels, récréatifs et spirituels et veillent à la protection des animaux et de l’environnement. Ils offrent des possibilités de croissance personnelle et d’action communautaire, ainsi que des moyens établis et règlementés qui permettent de réaliser des objectifs philanthropiques. Ils emploient également une proportion importante de la population. Bien que les fonds nécessaires aux organismes caritatifs pour mener à bien leur mission proviennent de sources multiples – les gouvernements, les entreprises et la vente de biens et services, notamment – presque tous comptent dans une certaine mesure sur les dons des particuliers.

La générosité des Canadiens

Ils estiment à environ 14,3 milliards de dollars le montant que les particuliers canadiens ont donné, avec ou sans reçu, aux organismes de bienfaisance enregistrés en 2014. La valeur réelle des dons réclamés a augmenté de 150 % depuis 1985; or, la proportion de déclarants qui réclament des dons n’a cessé de reculer depuis 1990. Cette évolution signifie que les organismes caritatifs dépendent d’une proportion de plus en plus restreinte de la population pour le versement de dons. Si la valeur totale des dons a continué d’augmenter, c’est seulement parce que ceux qui donnent, versent des dons de plus en plus importants. De récentes études sur les niveaux de don menées dans plusieurs pays ont révélé que le Canada occupe la troisième place en ce qui concerne le niveau de don, derrière les États-Unis et la Nouvelle-Zélande.

Les causes appuyées par les Canadiens

Les Canadiens appuient des organismes dans des domaines très variés. Cependant, trois quarts de tous leurs dons sont accordés aux quatre grandes causes que sont la religion, la santé, les services sociaux et le développement international. Même si les dons aux organismes religieux diminuent, ils continuent à représenter la part du lion de tous les dons. D’importantes proportions de la population donnent aux organismes de santé et de services sociaux, mais les montants versés sont moins élevés que ceux consentis aux organismes religieux. Pour leur part, les dons faits aux organismes œuvrant au développement international prennent de l’importance, tant sur le plan des montants que celui du nombre de donateurs.

Le don au fil des générations

La génération des baby-boomers (1946-1965) a formé le contingent de donateurs le plus important au cours des 30 dernières années et a contribué pour plus de 40% de tous les dons depuis 2000. Toutefois, la proportion maximale de donateurs parmi les baby-boomers s’est révélée inférieure à celle des générations précédentes, et il semble que cette proportion soit encore plus basse parmi les générations X et Y. Les habitudes de don de la génération Y sont particulièrement préoccupantes, puisque à la fois la proportion de donateurs et les montants donnés sont faibles et augmentent très lentement. Sur une note plus positive, les jeunes Canadiens sont moins nombreux que les Canadiens plus âgés à exprimer des opinions négatives à l’égard des organismes caritatifs.

Tendances en fonction du sexe et du revenu

Les organismes caritatifs ont toujours largement compté sur les personnes dont les moyens financiers permettent le plus de donner.  Le bassin de donateurs a donc toujours été dominé par des hommes fortunés; or, au cours des trente dernières années, ils ont observé des changements à cet égard. Bien que les hommes continuent d’être plus susceptibles de réclamer des dons et de donner plus que les femmes, ces dernières représentent désormais une plus grande partie du bassin de donateurs et des dons consentis que dans les années 1980. Cette évolution se poursuivra au fur et à mesure que l’équité salariale est atteinte.

Cependant, durant cette même période, le milieu caritatif est devenu plus dépendant que jamais aux Canadiens aisés. En effet, en 1985, le 1 % des contribuables les plus riches (ayant des revenus de 80 000 $ et plus) versait 16 % des dons. En 2014, ce 1 % (ayant des revenus de 250 000 $ et plus) a compté pour 31 % des dons.

Les habitudes de don des Néo-Canadiens

Les Néo-Canadiens sont beaucoup plus susceptibles que les personnes nées au Canada de donner aux organismes religieux auxquels ils consacrent une plus grande proportion de leurs dons. Ils ont d’ailleurs près de deux fois plus enclins à motiver leurs dons par des obligations religieuses. Les Néo-Canadiens sont également plus susceptibles d’affirmer ne pas savoir où donner ou ne pas trouver de cause digne d’appui, et d’être préoccupés par les risques de fraude ou de canular. Ce groupe de personnes représente un grand potentiel pour les organismes caritatifs, à condition de savoir établir avec elles une relation fondée sur la confiance.

L’apprentissage du don

Le don est un comportement acquis. Les Canadiens qui participent à des activités communautaires dans leur jeunesse ou qui observent des comportements d’entraide chez les personnes qu’ils admirent sont plus susceptibles de donner, et de donner davantage, à l’âge adulte. Parmi les activités favorables à l’apprentissage du don, on compte la participation aux organismes religieux, aux groupes jeunesse, aux associations étudiantes, aux sports organisés, au porte-à-porte et aux activités bénévoles.

Conclusions

Les résultats présentés dans 30 ans de don au Canada suggèrent qu’en dépit de la générosité incontestable de la population canadienne, une marge de progression est encore possible. Il serait particulièrement indiqué de mieux rejoindre les jeunes et les Néo-Canadiens. L’une des façons d’y parvenir serait d’intensifier les efforts structurés pour inculquer la notion de don aux jeunes des niveaux secondaire, collégial et universitaire. Il faudrait aussi encourager les Canadiens mieux nantis à donner un peu plus. Enfin, les organismes caritatifs auraient intérêt à trouver des façons de mieux rejoindre les immigrants. Même une augmentation modeste de la proportion de donateurs canadiens ou de la moyenne des dons pourrait avoir des retombées majeures.

Toutefois, le temps presse. La génération des baby-boomers, pilier du secteur caritatif depuis la majeure partie des 30 dernières années, vieillit. Il reste peu de temps pour compter sur les élans philanthropiques de cette génération, et nous ne savons pas si les générations suivantes seront disposées ou en mesure de prendre leur place. Selon les données, cette réalité constituera un défi qui ne s’avère cependant pas insurmontable. Même s’ils donnent moins que les générations qui les ont précédés, les jeunes Canadiens affichent généralement une attitude positive à l’égard des organismes de bienfaisance.

Cette situation représente pour le secteur à la fois un défi et une occasion. Les organismes qui comprennent les changements d’attitudes et de préférences seront mieux placés pour adapter leurs messages et tactiques. Pour faire face à cet avenir incertain, le milieu aura besoin de meilleures données et de stratégies numériques solides pour orienter les choix des futurs donateurs. Il faudra un effort collectif qui vise à encourager une culture du don plus solide.

Infographie 30 ans de don au Canada
Infographie 30 ans de don au Canada
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